"
Le premier mérite d'un tableau est d'être une fête
pour l'il "
Eugène
Delacroix
Notre
démarche est simple : Montrer du beau, du rare, de l'original,
sans nous encombrer d'explications, car ce qui compte avant tout,
selon nous, c'est le contact pur et simple entre l'uvre et l'observateur.
De ce contact peut surgir la plus riche des émotions. Bien
entendu, rien ne remplacera jamais la fréquentation directe
de ces uvres, où qu'elles puissent se trouver.
Montrer des veilles choses comme toutes celles que nous accumulons
sur le site (vieilleries qui, souvent, reçurent médailles
et honneurs et ornent encore de prestigieux palais), uvres négligées,
oubliées et même rejetées parce qu'on les trouve,
d'un avis trop général, poussiéreuses, mortes,
comme si un principe d'obsolescence devait frapper tout ce qui n'a
pas reçu l'onction de " l'Histoire de l'Art ", c'est
insolant et nécessaire comme une bouffée d'oxygène
au beau milieu d'un discours académique normatif, répétitif
et stérile. Notre choix est totalement fantaisiste comme le
sont nos critères de classement. Car nous voulons favoriser
la surprise pour mieux provoquer l'émoi.
L'art est bien, pour nous, un moyen de se " rincer l'il
", c'est à dire, de le purifier, de le gâter, de
l'augmenter. Notre but : une jouissance sans préjugé
et sans contrainte scolaire. Nous nous comparons, très immodestement,
au singulier personnage inventé par O. Welles, Charles Foster
Kane, accumulant, sans scrupule, ni ordre, ni goût, chefs d'uvres
et croûtes, dans son somptueux palais, " Xanadu ",
et n'obéissant, semble t'il, qu'à la seule loi de l'accumulation
pour elle-même, qu'au seul plaisir de s'entourer d'objets venus
du monde entier. Les musées, à y bien regarder, ne firent
pas réellement autre chose pendant leurs longues années
de jeunesse, comme l'explique Jean Clair.
"Pintura!
J'adore..." Kane
Laissez
vous mener par le regard. Suspendez tout jugement et accordez vous
le droit d'aimer ce que vous voyez, au risque de vous surprendre par
le caractère parfois exotique et passéiste de votre
sensibilité.
Les images du site ont été empruntées à
des cartes postales, des catalogues, des magazines. Toutes ont été
numérisées par nos soins. Vous les trouverez difficilement
ailleurs sur le net. Nous nous permettons d'exhiber ce que les musées
les plus importants rechignent, par paresse sans doute, ou par conformisme,
à montrer sur leur site officiel. Nous serions heureux que
ce site plaise aux curieux de toutes sortes autant qu'aux étudiants
de tous poils.
Ah, et pour finir, disons que ce site est aussi un " work in
progress " que nous complèterons de temps en temps, jusqu'à
ce que l'envie nous en passe
Bonne
visite !
Léon
Bonnat. Giotto gardant les chêvres. 19° siècle
Pour
les tatillons, voici le plan du site; plan auquel nous nous sommes
pliés, puisque, comme certains d'entre vous nous l'ont fait
remarquer, il faut savoir faire preuve d'ordre dans ce qu'on fait,
comme dans ce qu'on écrit:
. Belles en image, autrement dit, l'image de la femme dans l'art.
Qu'on n'y voit aucune volonté de mythifier " la femme
", ou d'en donner une image dégradante ou ridicule. Nous
avons écarté la possibilité, sommes toutes assez
évidente, de créer une section " portrait ",
pour nous consacrer aux seules représentations du sexe dit
faible, motif à la fois très courant et terriblement
équivoque dans l'histoire de notre art occidental.
La beauté symbolique est celle, idéale, de la femme
devenue support des plus hautes abstractions (La Peinture, la Justice,
etc.. ) Cette tradition remonte à l'antiquité et à
son cosmos religieux et poétique peuplé de nymphes et
de Muses, puis se charge de significations mystiques et philosophiques
au moyen-âge et s'enrichit, pendant la Renaissance, du précieux
catalogue d'images allégoriques imaginé par l'humaniste
Italien Cesare Ripa (L'Iconografia), ouvrage complet et référence
constante et obligée dans la culture artistique jusqu'à
l'époque moderne, composée d'icônes anthropomorphes
" prêtes à l'emploi ", proposées avec
costumes, expressions, décors et attributs. Soulignons qu'au
XVI° siècle, en pleine période dite maniériste,
l'usage obsessionnel de symboles alambiqués (souvent érotiques)
est le symptôme le plus frappant d'une société
ouvertement élitiste et aristocratique qui ne tient pas à
partager ses valeurs et sa culture avec le commun des mortels. Au
cours des XIX° et XX° siècles, le public n'ayant plus
besoin (depuis belle lurette) d'un support visuel pour concevoir les
idées abstraites les plus ardues, l'Allégorie tombe
en désuétude et se ringardise à mesure que son
usage s'étend inconsidérément aux concepts les
plus prosaïques et les plus ridicules (Commerce, Chemin de fer,
Bons du trésor, Cacao, etc.), ceux là même qui
prolifèrent sur les nouveaux temples de l'industrie, du grand
commerce et du transport. Enfin, elle disparaît dans l'indifférence
générale cédant la place aux nouvelles icônes
de la publicité*. L'image accède au statut d'objet de
plaisir et de consommation, et perd sa qualité didactique.
Aux " grands principes ", on préfère le naturel,
la réalité, de même que s'impose comme une valeur
définitive et incontestable, l'idée d'un Art pur, expérimental,
qui ne signifie rien en dehors de lui-même.
* Mais il faut remarquer que la publicité, à
ses origines, utilise toujours une imagerie féminine allégorique,
dans un respect, aussi hypocrite que tardif, de la tradition iconographique
et des usages les plus rances de la culture occidentale, mais avec
une arrière pensée plus clairement sensuelle et sensationnaliste:
Voir le travail d'Alphonse Mucha au début du XX° siècle
et ses superbes affiches commerciales.
Federico Zuccaro. Allégorie
de la Peinture. 16° siècle.
Mais la femme est aussi l'objet d'un culte terrestre. Elle devient
image (ou objet) érotique dès l'époque romaine.
Le XVIII° siècle donne des femmes une image à la
fois sensuelle, tendre et déterminée, comme si chaque
femme était une héroïne en puissance d'un de ces
tout nouveaux romans sentimentaux. Cette idée est sublimée
par les peintres romantiques (beaucoup plus " coincés
" que leurs aînés) pour qui la femme, désormais
pudique, inaccessible, est le vecteur des plus grands mystères
: Abîmes intérieurs ou cosmiques. Au XIX° siècle,
la femme est aussi l'animal qu'on aime, en toute impunité,
à l'abris d'un pouvoir masculin tyrannique, disséquer,
étudier (voir les nombreux nus féminins présentés
en toute innocence aux Salons les plus conventionnels sous couvert
d'étude anatomique), qu'on épie et envie à loisir
dans ses costumes exotiques chamarrés et ses murs sensuels
et libres, caractéristiques scandaleuses des mondes dits primitifs,
qui s'offrent pourtant à l'homme moderne par la grâce
du progrès technique et de la colonisation (mode de "
l'orientale " qui s'empare aussi bien des poètes.) Notons
également que les peintres sont rarement des femmes (aux exceptions,
notables, de madame Vigée-Lebrun, de Sofonisba Anguissola,
d'Artemisia Gentileschi et de quelques-autres.) Enfin, avouons que
le portrait de femme est aussi celui, en négatif, des hommes,
des institutions et des habitudes d'une certaine époque.
Artemisia
Gentileschi - Allégorie de la Peinture
Paysages regroupe un ensemble très capricieux de peintures,
de gravures et de dessins de paysages, soit des paysages qu'il nous
faut qualifier d'imaginaires et même de totalement fantaisistes,
puisqu'ils ont été recréés en atelier
(parfois, à partir de notes prisent sur le vif) par des artistes
soumis aux pratiques professionnelles et à la philosophie esthétique
de leurs temps, qui, plaçant la Nature en deçà
de l'Art, ne concevait la beauté (suprême valeur, avant
tout souci de réalisme) que comme le fruit d'un long travail
de reconstruction intellectuel et pictural ; soit, enfin, des paysages
présentant une originale et intéressante curiosité
pré-romantique pour les innovations sociales et scientifiques
(les premières usines, les grandes villes) et pour tous les
phénomènes naturels appartenant à l'ordre du
Sublime (Pics enneigés, volcans, tempêtes), aux antipodes
du calme et froid regard classique. L'impressionnisme, le chouchou
du public actuel, est pratiquement absent de notre site, précisément
parce qu'il est présent partout ailleurs.
David Allan. L'origine de la
peinture. 1775.
Enfin, nous avons voulu montrer un ensemble de " Peintures d'Histoire
". Eclaircissons le concept : Il s'agit du genre artistique qui
raconte un passage de l'Histoire humaine ou de la fable antique (en
s'inspirant des Métamorphoses d'Ovide, par exemple), un chapitre
de l'histoire biblique, un roman, une tragédie, etc*. Le peintre
devient ainsi poète, selon le principe cher à Horace
: " Ut pictura poesis ", la peinture est une autre poésie
! Selon la classification académique, toute puissante encore
au siècle passé, il s'agissait tout de même du
genre le plus noble (devant le portrait, le paysage, la nature morte,
peintures plus purement mimétiques), parce qu'il réclamait
à la fois une grande connaissance des textes anciens (bibliques,
mythologiques, etc.), des convenances (ce qui peut être fait,
ou pas, dans l'ordre de la vraisemblance historique comme dans celui
du respect du dogme religieux - illustré par des tableaux d'églises
- ou de la grandeur politique - images du souverain dans l'exercice
quotidien du pouvoir, comme à la guerre), une maîtrise
parfaite du dessin et de la couleur, des expressions (gestes, regards,
comme au théâtre), de l'éclairage et de la disposition
des figures, et de grandes qualités d'imagination pour mettre
toutes cela en scène dans l'espace réduit d'une toile,
en cherchant au passage à faire acte de nouveauté en
renouvelant l'art des maîtres anciens (dont l'étude était,
bien-sûr, obligatoire) sur les mêmes sujets imposés
depuis des siècles. C'est, depuis la Renaissance, mais singulièrement
à partir de Rubens au XVII° siècle, le genre prisé
des grands maîtres, qui, vu l'importance de la tâche,
se faisaient souvent seconder par une multitude de collaborateurs
travaillant en atelier dans un esprit que l'on pourrait qualifier
de " préindustriel "**. C'est encore cette vieille
peinture de Salon qui triomphe au XIX° siècle et pour laquelle
nous réclamons ici un peu de compassion. On appréciera
en celle-ci, tout particulièrement, la beauté du rendu
des matières (riches costumes aux couleurs contrastés,
soies, velours, etc.), l'exactitude maniaque des décors et
des accessoires, autant de critères rejetés par la modernité
au nom d'une certaine idée de la " pureté "
en peinture.
* Il ne faut pas confondre Peintures d'histoire et
Scènes de genre : Les seconde ne s'intéressent qu'aux
épisodes pittoresques et colorés de la vie populaire
et aux hordes de marginaux dont on se plait à imaginer l'existence
picaresque (Fêtes, chasses, labours, marchés, scènes
avec mendiants, cambriolages de voyageurs, etc.) Mais comment faut
il considérer les scènes où, par exemple, le
roi se promène, rend la justice ou chasse ? Comme une scène
de genre à la cour ou comme un moment historique de moindre
importance ? La frontière entre les genres est perméable.
**
Le plus grand des maîtres est Raphaël, comme le démontre
l'hommage qui lui est rendu par Horace Vernet, artiste académique
pratiquant un romantisme mesuré, sur une immense toile historique
conservée au Louvre : Raphaël au Vatican. Le maître
d'Urbino est devenu, dans l'imaginaire moderne, l'archétype
du jeune génie qui reçoit son don directement du ciel
et bouleverse, à lui seul, la sensibilité artistique
de ses contemporains. En fait, la pratique traditionnelle du maître-patron
d'atelier assisté par une équipe de professionnels très
spécialisés (qui dans le paysage ou le décor,
qui dans la représentation des animaux, etc.), s'efface, au
XIX° siècle, devant le concept du créateur solitaire,
libre, au service de sa seule inspiration.
Nous distinguons, dans le site, la peinture religieuse de la peinture
mythologique. Mais nous avons aussi voulu exhiber tout un lot de peintures
dont l'unique objet est la représentation d'un fait historique
ou humain, montré avec toute la prudence et la mauvaise fois
qu'impliquait alors le service d'un pouvoir souvent autoritaire*.
C'est ce que nous appelons les affaires humaines. Dans cette catégorie,
nous avouons avoir un penchant certain pour la peinture dite "
Troubadour " (par référence aux sujets médiévaux),
pour sa grâce porcelainée, son caractère sucré,
sentimental, presque féminin et ce goût hollandais pour
les petits formats et les couleurs savoureuses. Le genre est né
à la fin du XVIII° siècle avec l'ambition de rendre
hommage aux grands et aux petits faits de l'histoire nationale, ainsi
qu'aux grands hommes (rois, artistes, militaires) qui ont marqué
leur temps avant de sombrer, pour la plupart, dans l'oubli. Une toile
troubadour est comme une petite scène de théâtre
tout agitée d'acteurs minuscules et de passions grandioses.
Mais quel plaisir que de pouvoir ressortir ces quelques vieilles peintures
aux titres insolites et aux propos presque incompréhensibles
!
* Il faut attendre la fin du XVIII° siècle et les peintres
révolutionnaires (David), ainsi que les premiers romantiques
(Goya), pour trouver une peinture d'histoire digne du sens que l'on
pourrait accorder à ce genre de nos jours, c'est à dire,
à l'imitation du journalisme, une peinture qui serait le témoignage
de l'histoire contemporaine, et plus uniquement un genre assujetti
à la fable et à l'histoire antique sans autres soucis
éthique que l'obéissance scolaire aux sources écrites
(qu'on songe, au XX°siècle, au Guernica de Picasso en tant
que tentative de journalisme pictural.) Seules les nombreuses scènes
de batailles destinées aux palais des souverains absolutistes
font montre d'une certaine objectivité géographique
et historique, tempérée par l'exigence de grandeur royale.
Adrienne Granpierre-Deverzy - Intérieur
de l'atelier d'Abel de Pujol - 1822 - Musée Marmottan - Paris.
Détail intéressant : Le nu masculin
en plâtre tourne le dos.
Enfin,
nous vous proposons, dans une toute nouvelle section, un florilège
de commentaires réalisés,
afin de rester fidèle à l'esprit de notre site, de manière
tout à fait libre et arbitraire, pour le plaisir de vous parler
de ce qui nous plaît, de ce qui alimente notre curiosité
et notre appétit esthétique du moment. Un des premiers
avantages d'Internet est de nous offrir la possibilité de nous
exprimer librement, sans complexe. Alors, autant en profiter, non
? Quelques amis historiens viendront disserter sur les sujets de leur
choix de la manière la moins académique possible. Au
passage, si vous-même souhaitez nous faire part de votre passion
pour un artiste, une voire plusieurs uvres (picturales), une
exposition, etc. ; N'hésitez pas à nous écrire,
à nous envoyer vos textes (nous fournirons les illustrations,
sur commande) et à nous donner votre avis. Venez vous amuser
avec nous !
Yannick V. Pinceau. Années 1990.
Dans la section
jeunes peintres, nous vous présentons
quelques jeunes créateurs parisiens encore inconnus. Si vous
souhaitez les contacter, ecrivez nous.
Nous nous sommes
servis du chef-d'œuvre de Jean-Baptiste de Champaigne, Le sermon
sur la montagne, pour réaliser la bannière de Pintura. Qu'on veuille
bien nous pardonner cette audace.